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Karukera : Guadeloupe, "l'île aux belles eaux"

Yaga

Le voilier, c'est la liberté. Une certaine forme de liberté, du moins, où l'on se plie sans barguigner aux contraintes du vent et de la mer. Après les Saintes, nous avons donc renoncé à visiter la Désirade et Petit-Terre qui n'offrent apparemment aucun abri correct pour un voilier. Pour atteindre Marie-Galante, il aurait fallu une journée de près – encore !, nous avons préféré consacrer plus de temps aux deux ailes du papillon guadeloupéen, c'est-à-dire aux deux îles de Basse-Terre au Sud-Ouest, qui est la plus montagneuse, et Grande-Terre au Nord-Est, qui est la plus petite des deux.

Arrivant des Saintes, nous avons mouillé pour un soir dans les eaux turquoise de l'îlet Gosier. Pour ceux que certaines photos, expédiés sur-le-champ par texto, auraient rendu jaloux, je m'empresse de préciser que le mouillage était terriblement rouleur, et que nous étions tous un peu barbouillés au moment du repas. (Wandrille, Filippo : l'effet néfaste du haricot vert semble se confirmer, nous les avons bannis de notre avitaillement désormais)

Chassés dès le lendemain par des cataractes de pluie, nous menâmes Yaga jusqu'à la marina de Bas-du-Fort, à l'Est de Pointe-à-Pitre, où elle resta jusqu'à notre départ de Guadeloupe. Pour visiter la Guadeloupe "proprement dite", une voiture nous a paru plus adaptée.

Nous avons pagayé en kayak sur les eaux cristallines du Grand Cul-de-sac Marin, au Nord de la Rivière-Salée*. Nous avons parcouru à pied la Pointe des Trois-Châteaux, à l'extrême Est de Grande-Terre, falaises calcaires battues par la houle bleu foncé de l'Atlantique. Nous avons observé, hypnotisés, s'engouffrer les vagues dans le "trou de Manme Coco", vaste voûte creusée dans la falaise. Nous avons atteint triomphalement le sommet de la Soufrière, sous une pluie battante, n'y voyant pas à cent mètres. Nous avons sauté dans l'eau claire de la cascade de la Grosse Corde.

Bref, ce furent quatre belles journées à aller de découverte en émerveillement sur ces si belles îles.

Toutefois, plus encore que la Martinique, la Guadeloupe nous a étonnés par certains côtés. L'on savait, avant d'y venir, que le chômage y est galopant, et qu'une partie de la population est mal logée. Ca reste un choc de découvrir les petites cases miteuses et tristes qui entourent Pointe-à-Pitre. Des habitants nous ont instamment conseillé de ne pas nous promener dans la ville, une fois la nuit tombée : première fois, depuis notre départ de Port-Camargue, que nous recevons ce genre de mise en garde. Les affiches d'une campagne de lutte contre la violence émaillent la ville, dénonçant les trente-deux (!) homicides perpétrés à "la Pwent" en 2015.

Dans les épiceries et supermarchés, de nombreux (une majorité ?) de produits, y compris frais, proviennent de métropole et d'Europe. Fort peu de liens commerciaux avec les autres Antilles, presque aucun avec l'Amérique latine. Peu de production sur place : un seul poulailler industriel pour toute l'île !

Nous n'avons évidemment aucune clé, ni même aucune vision de la vie réelle de l'archipel après un séjour aussi bref. Il nous reste, de toutes ces questions sans réponse, un vague malaise, qui tempère un peu l'impression laissée par les paysages splendides, et par l'excellent accueil des Guadeloupéens, visiblement fiers et amoureux de leurs îles.

*Sortie à la demi-journée avec Frank, de Tam-Tam Pagaie. Nous a montré lambi, oursins, holothuries, palétuviers rouges, blancs et gris. On s'attendait presque à ce qu'il nous sorte de l'eau un lamentin ou un alligator ! On recommande chaudement.

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