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Les Saintes : un parfum de vacances

Yaga

Pour une fois, la traversée entre deux îles s'effectua à un rythme tranquille, un peu par la force des choses : nous n'avions hissé que notre petite trinquette rayée (quinze mètres carrés de toile seulement), seule voile du bord à être demeurée en parfaite santé.

Notre point d'atterrissage : les Saintes, petit groupe d'îles au Sud de l'archipel de la Guadeloupe. Plus précisément l'îlet Cabri, devant lequel nous avons mouillé sur ancre alors que c'est formellement interdit : de l'inconvénient de circuler avec des guides et cartes vieux de quinze ans...Peu de temps après notre arrivée, les occupants d'un petit canot à moteur muni d'une sono puissante abordaient notre orin*, s'en emparaient d'un air gourmand, le confondant avec une bouée de corps-mort**. Puis, saisis d'un doute, ils le soulevèrent bien haut pour l'examiner. Les hurlements de Damien mirent fin à cette désagréable intrusion ; malgré tous leurs efforts, ils n'avaient pas réussi à arracher notre ancre du fond, ouf !

Les Saintes sont assez arides, la végétation semble presque méditerranéenne. Nous y avons passé une journée complète sans grain tropical, miracle ! Ca n'a pas l'air sur nos photos, mais jusque-là, il pleuvait abondamment et souvent, vêtements et serviettes de bain ont eu du mal à sécher et commençaient à répandre une vague odeur de moisi.

L'îlet Cabri, peuplé de chèvres et de pélicans, offre de beaux fonds de coraux, à faible profondeur : palmes, masque et tuba suffirent pour s'en mettre plein les yeux.

Le lendemain, nous nous étions déplacés jusqu'à un mouillage de Terre-de-Haut, l'île voisine, plus grande et habitée. Le mouillage étant bien encombré, nous nous sommes estimés heureux de trouver une place, par dix mètres de fond, derrière un gros catamaran à moteur, disposant de deux annexes, dont le canote saboteur de mouillage de la veille. Sentez-vous arriver le deuxième épisode du gag de l'orin ? Vierges de tout soupçon et rassurés par l'absence totale de vent, nous allâmes passer la soirée à Grand-Bourg, en quête d'un restaurant ; sans succès d'ailleurs, tous étaient complets en ce samedi soir de vacances scolaires. Nous dûmes nous contenter de piña coladas et autres planteurs (dur...)

C'est seulement le lendemain que le drame se joua : trente nœuds de vent bien établis soufflaient sur le mouillage. C'est le moment que choisirent les Affaires Maritimes pour créer une diversion sur le catamaran à moteur, en montant à bord pour contrôler leurs équipements obligatoires.

Quelques minutes plus tard, Nicolas faisait remarquer que le catamaran dérivait vers les rochers, à une vitesse sans cesse croissante : son ancre avait dérapé. Concentrés sur les demandes des gabelous, l'équipage ne s'apercevait de rien, et répondait par des saluts polis à nos tentatives frénétiques d'attirer leur attention sur leur pénible situation. Lorsqu'il prit conscience du danger, à quinze mètres des cailloux, le skipper démarra son moteur, releva son mouillage, puis mit en panne, devinez où ? A notre vent, son hélice battant l'eau à deux mètres de notre orin, tout en nous remerciant chaleureusement pour notre intervention salvatrice. Si on avait su...Heureusement, tout s'est bien terminé, ils n'ont pas arraché notre ancre ni embouti Yaga et sont allés reprendre un mouillage à bonne distance.

Et nous eûmes notre restaurant, le soir même, à Grand-Bourg, boudins antillais, fricassée de chatrous, tourments d'amour, c'était succulent.

*Orin : petite bouée flottant au-dessus de l'ancre, servant à marquer son emplacement et à la dégager facilement (sans avoir besoin de plonger en apnée) si elle se coince au fond. Accessoirement, permet d'em...bêter ses voisins dans les mouillages encombrés : sortez la tête par le panneau de la descente, et criez d'une voix aigre et stridente : "mon orin !" à tous les bateaux qui entrent dans le mouillage.

**Corps-mort : objet pesant, en général un bloc de béton, posé au fond de l'eau par faible profondeur. S'y rattache une chaîne ou une amarre munie d'une grosse bouée flottant en surface, ce qui permet aux bateaux de s'amarrer, sans utiliser d'ancre.

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