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Transatlantique : instantanés

Yaga

Lundi 30 novembre 2015 : derniers préparatifs du bateau. L'achat de bières supplémentaires est jugé indispensable. Combien pensez-vous qu'il en resta à l'arrivée de la Barbade ?

15h00, sortie du port de Mindelo, on s'interpelle d'un bateau à l'autre : "Vous allez où ? -Martinique, et vous ? - Brésil ! Bon vent !"

20h, scotchés dans le dévent de Saõ Antaõ, une pensée pour M. Bernot, auteur de l'inoubliable ouvrage "Météo et stratégie : croisière et course au large".


Mercredi 2 décembre : pour la première fois depuis le départ de Port-Camargue, des vagues traîtresses éclatent au niveau du cockpit, justifiant amplement le port du ciré. Douche intégrale garantie pour l'équipier de quart à ce moment-là.

Les choux du bord sont accusés de répandre une odeur de pourriture insupportable. Ils sont promptement condamnés à la noyade, avec exécution immédiate de la sentence.

Première douche de la traversée, dans le cockpit évidemment et bien agrippés, la salle de bains étant impraticable pour cause de houle. On ne mégote pas sur l'eau de mer, en revanche pour le rinçage à l'eau douce, c'est la portion congrue, 1/2L max par personne.


Samedi 5 décembre : sachant que la traversée dure 2000 miles, que nous estimons qu'entre 1000 et 2000 bateaux de plaisance font la traversée chaque année, quelle est la probabilité de faire une route de collision avec un autre voilier ? De combien augmente cette probabilité si l'on présuppose que le voilier en question est anglais ?

Eperonné par la présence d'un mathématicien à bord, l'équipage consacre la majeure partie de son temps éveillé à calculer la date d'arrivée, se basant sur la VMG de 5.7 noeuds des premiers jours de traversée. Au port, on prendrait volontiers Yaga - vu son ventre - pour une jument gestante, mais une fois en mer, elle surfe la houle avec légèreté. Chouffe la gazelle !

Vu notre vitesse, nous aurons largement le temps de toucher la Barbade, puis Sainte-Lucie, avant de remonter jusqu'en Martinique.


Dimanche 6 décembre : fin de nuit, fin du dernier quart, la lune se lève, mince rayon roux couché sur l'horizon. Dans le four, le premier pain au levain du bord ! Ca sent bon dans le carré, mais il fait chaud !

Jour mémorable de la dorade : "Bon, il fait nuit, je remonte la ligne de traîne, on n'a rien pêché, comme d'habitude". Qu'est-ce qu'on trouve au bout du fil, bien agrippée à son rapala ? Une dorade épuisée par deux heures de nage à sept noeuds. Ceviiiiche !!!


Samedi 12 décembre : après trois heures d'efforts et beaucoup de blasphémie, j'obtiens une série de mesures potable et une droite de hauteur au sextant. Prochain objectif : trois droites de hauteur sur la journée. En revanche, merci la calculette, car pour les calculs à la main, je repasserai...


Mardi 15 décembre 2015, 13h28 heure du Cap-Vert, la Barbade est en vue ! C'est Filippo qui , le premier, a distingué le mince ruban gris, intercalée entre le liséré blanc de l'horizon et les cumulus. Le soleil se couche ce soir-là en apothéose, pensée du soir : "ce serait le pied s'il y avait des dauphins". Cinq minutes après, pouf ! Voeu exaucé ! A se demander si Yab', notre petit démon domestique, n'a pas pris des vacances pour la durée de la traversée, remplacé par un bon petit génie.


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