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Graciosa, la bien-nommée

Yaga

Notre première escale aux Canaries est l'île la plus septentrionale de l'archipel, Graciosa. Elle appartient à un sous-archipel, les Chinijos, composé de cinq îles et îlots : Alegranza, Montaña Clara, les deux récifs Roque del Oeste et Roque del Este, et Graciosa, la seule île habitée. Cet archipel est classé comme réserve naturelle, de même que les eaux qui le baignent et la partie nord de Lanzarote. Très aride, c'est une zone très fragile et sensible aux activités humaines. Le passage des gros bateaux, le mouillage, les déplacements à terre sont soumis à des restrictions. Le débarquement à terre, sauf à l'Est de Graciosa, est de toutes façons inenvisageable, sauf par calme plat...pas si fréquent en plein Atlantique !


Le premier soir à Graciosa, enchantés d'avoir trouvé place à la caleta del Sebo, nous nous précipitons sur une des terrasses du port. Face à nous, les falaises sombres de Lanzarote se parent d'or puis de pourpre, à mesure que le soleil baisse.

Après les dernières quarante-huit heures passées à la barre – notre pilote nous a traîtreusement lâchés le lendemain du départ, et nos ingénieux systèmes de sandows ont déclaré forfait dès que la mer s'est levée – nous n'aspirons qu'à nous affaler sur nos chaises et nous faire servir. Le serveur, un petit homme brun, carré, d'un quarantaine d'années, rayonne d'une joie de vivre communicative. Il approuve chaleureusement notre choix d'un plateau fruits de mer et poissons grillés, à tel point que Damien se demande si le prix affiché au tableau n'est pas par personne au lieu d'être pour deux. Mais non, l'exclamation du bonhomme est de bon aloi, il se réjouit tout simplement du plaisir que nous allons avoir ; effectivement, c'est garagantuesque et d'une fraîcheur incomparable, à nous consoler de nos échecs répétés en matière de pêche.


Le lendemain, nous visitons l'île. La petite bourgade de Caleta del Sebo étale ses petites maisons de pêcheur, carrés blancs aux volets bleus. Les quelques résidences de tourisme du front de mer ont été construites exactement dans le même style. Seul le front de mer est pavé, les autres rues sont en terre battue, ou plutôt en "sable battu".


Nous louons des VTT – c'est là une des principales industries touristiques de l'île. Des pistes permettent de parcourir les vingt-sept kilomètres carrés de Graciosa en une journée, aisément, si l'on compte pour rien les rebonds incessants sur la tôle ondulée des pistes. On a parfois l'impression de chevaucher un marteau-piqueur !

Ciel bleu éclatant, caldeiras brunes marbrées de rouge et de jaune, petites touches de vert vif sur les buissons épineux et les plantes grasses attestant de la pluie de l'avant-veille : nous nous remplissons les yeux après cette semaine en mer, ne sachant plus où donner de la tête ni de l'appareil photo. Sur les flancs des volcans, la terre sombre qui de loin paraît nue se recouvre de milliers de minuscules plantules de quelques centimètres à peine. Un busard Houbara des Canaries, rapace endémique, bru

n au ventre blanc, nous survole. Quelques bergeronnettes se promènent ça et là, des lézards se chauffent au soleil et des papillons volettent. Les quelques petites fleurs violettes et jaunes des épineux suffisent-elles à les nourrir ?

Tout autour de l'île, la houle déferle en énormes rouleaux dont le blanc pur contraste sur le basalte noir. Sur la merveilleuse playa de las Conchas, au Nord de l'île, face à l'île de Montaña Clara, le drapeau rouge est hissé ; il doit faire bien de l'usage car il part en lambeaux...

Sur les flancs de la plus grande caldeira, Agujas Grandes, de petits vergers sont enclos. Les habitants y cultivent des figuiers de Barbarie en pleine forme, des petits palmiers, des eucalyptus et des figuiers souffreteux. La vie devait être bien austère ici lorsque, vivant de la pêche, les habitants devaient compter principalement sur leurs propres ressources, Lanzarote étant fort proche mais tout aussi aride !


Toute la journée s'est passée ainsi dans l'émerveillement, jusqu'à un nouveau coucher de soleil doré sur la playa del Salado, au Sud de l'île. Graciosa : petite parenthèse enchantée, où le temps s'arrête et où, comme disent les Canariens, l'on enlève ses chaussures et l'on oublie le reste du monde !

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