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L'Atlantique, de Gibraltar aux Canaries

Yaga

Huit jours et cinq heures, c'est le temps qu'il nous aura fallu pour rallier l'île de Graciosa, aux Canaries, depuis Gibraltar. Les récits de navigateurs et Instructions Nautiques, consultés avant le départ, décrivent la traversée comme "une longue glissade au portant". En fait de glissade, nous aurons fait une bonne partie de la route au près, dans des vents faibles et variables, ne dépassant en général pas dix nœuds, sur un Océan Atlantique plat comme un lac.

Nous n'étions pas trop à plaindre : il faisait souvent beau, notre Yaga, finalement assez légère, faisait route même par vent très faible, et les coffres étaient remplis d'assez d'eau et de nourriture pour tenir deux mois. Malgré tout, on comprend par ces temps-là les coups de folie qui s'emparaient autrefois des équipages des grands voiliers, lorsque les calmes duraient des semaines entières : tenter d'atteler des requins, se mutiner, jeter par-dessus bord le "chat noir" de l'équipage...

Heureusement, nous avons bénéficié d'un bont vent de travers pour traverser à sept nœuds de moyenne les rails de cargos du détroit de Gibraltar. C'est une très désagréable impression de se retrouver exactement sur la route d'un énorme porte-container...


Nous avons longé la côte marocaine à bonne distance, espérant ainsi nous écarter de la route des cargos, et éviter les filets de pêche. Peine perdue ! A plus de trente miles des côtes, les filets sont encore nombreux, et nous avons croisé plusieurs barques de pêche qui venaient les relever. En bois, d'aspect robuste, de très haut franc-bord à l'avant, ces barques attestent que les pêcheurs marocains sortent par tous temps. Leurs barques non pontées paraissent malgré tout bien précaires, aussi loin des côtes ! Ils auraient bien voulu échanger du poisson frais contre des cigarettes, mais personne ne fume à bord...

Outre les pêcheurs marocains, nous avons reçu la visite de nombreux petits passereaux, qui faisaient sans aucun complexe le tour du bateau, essayant tous les perchoirs sur le pont et dans le carré, y compris le jambon ! Des libellules nous ont aussi rendu visite, et nous avons vu notre première TORTUE ! qui a longé paresseusement le flanc de Yaga, alors que nous faisions route au moteur pour nous sortir de la trajectoire d'un porte-container (pas de photo, donc).


Puis, le soir du septième jour, le vent s'est enfin levé. Nous l'avons eue, cette longue glissade au portant, sous foc seul, dans la longue houle que nous envoyait une dépression plus au Nord. Du jamais vu pour nous, qui ne nous étions encore jamais trouvés si loin des côtes en Atlantique : on croirait naviguer sur les molles ondulations de la Champagne. Nous avons enfin compris pourquoi on parle de "creux" pour qualifier la hauteur des vagues. Lorsqu'on est au sommet d'une vague, c'est un véritable canyon que l'on voit se creuser sous notre vent !


Le mercredi matin, les côtes d'Allegranza, Graciosa et Lanzarote étaient en vue. Quelques heures plus tard, nous descendions l'impressionnant Estrecho del Rio (détroit de la rivière) qui sépare Lanzarote de Graciosa, et nous entrions enfin au seul port de Graciosa : caleta del Sebo, entrant du même coup dans un petit paradis...

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