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  • Yaga

The dark side of Yaga, ep. 3 : la pêche au dahu


Vous avez vu ces photos où nous tenons un poisson fraîchement pêché par la queue, adressant un sourire bête au photographe. Nous en avons inondé Facebook, ce blog et peut-être même vos mails personnels. Vous avez peut-être, abusés par ces photos, conclu que nous nous nourrissions majoritairement de poisson frais pêché par nos soins depuis quatorze mois. Erreur ! Nous sommes probablement les pires pêcheurs que la mer est jamais portés. Après quatorze mois de navigation, la liste des pertes est impressionnante : trois lignes cassées à la base, une demi-douzaine de leurres perdus, une canne à pêche grippée et des centaines de mètres de ligne remontés en vain. La liste des prises est beaucoup plus courte : une dorade royale dans l'Atlantique, d'environ trente centimètres ; un petit barracuda d'une soixantaine de centimètres à Cuba ; un petit thon dans le Pacifique Est ; un mahi-mahi de dix kilos aux Tonga ; une bonite de trois kilos avant la Nouvelle-Zélande ; un nombre incalculable de "poissons-touffe", sargasses s’agrégeant au bout de la ligne et nous forçant à la remonter. Sans compter les innombrables prises faites au mouillage aux Marquises, mais là-bas, on pêcherait avec un hameçon sans leurre tant les poissons sont nombreux et voraces. D'ailleurs, notre ami marquisien, Tei'i, pêchait cinq poissons quand nous en pêchions deux ("Hoplàààà !") Le sommet de notre carrière d'anti-pêcheurs a été atteint lors de la traversée entre Maupiti et Niue, en septembre. Une mer agitée secouait Yaga par le travers, il pleuvait et il faisait nuit noire. Un peu brassée, je veillais tant bien que mal dans le carré. La ligne de pêche file avec bruit. Je mouline sans conviction ; contre toute attente, je remonte le poisson à bord sans rien casser. Je l'éclaire avec ma lampe frontale...et je manque sauter à l'eau sous le coup de l'horreur ! Long d'environ un mètre, ce poisson est le plus monstrueusement laid qu'il m'ait jamais été donné de contempler. Corps de serpent, gros yeux, large bouche fendue, mais surtout des dents ! De vrais rasoirs, à tel point que je n'ose pas toucher ce monstre cauchemardesque, et que l'envie me prend de le rejeter à l'eau avec son leurre et le bas de ligne en acier qui va avec. Heureusement, tel un super-héros, Damien surgit à ce moment-là, réveillé par le bruit de la ligne qui file et l'espoir de voir un thon à bord. Dépité, il parvient - muni de gants bien épais – à récupérer le hameçon et à rejeter l'horreur dans les profondeurs de l'eau noire. Le cockpit est recouvert de mucus glissant et puant, nos mains aussi. On se demande encore ce que c'était. La seule photo qui nous semble correspondre serait le "daggertooth", mais cette espèce semble rarement s'aventurer en-deçà des 50èmes rugissants...Mystère ! Enfin, les lectures assidues de blogs, livres et magazines de pêcheurs fous ayant nettoyé un peu notre crasse d'ignorance, nous gardons bon espoir pour la suite : chacun de nos échecs nous en a appris un peu plus. Tremblez, poissons ! Dans cinq mois, nous repartons !

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