Au Fenua (nom tahitien de la Polynésie), la nourriture occupe une place centrale. D'abord parce qu'une bonne partie de la journée peut être consacrée à la recherche de nourriture (pêche à la canne ou au harpon, chasse, récolte de fruits et légumes). Ensuite parce que les Maohi aiment manger, bien et beaucoup.
Notre disctinction "entrée-plat-dessert" n'a pas trop cours ici, on mélange volontiers tout dans l'assiette. Bien sûr, la banane fruit se mange avec les viandes et n'est absolument pas un dessert. Entraînés par l'exemple, nous avons ainsi testé les crêpes au Nutella comme accompagnement d'un poulet.
L'une des phrases le plus souvent entendues durant notre séjour, depuis les Marquises jusqu'à Maupiti : "c'est bon, ça", à prononcer en faisant exploser le "b".
Bref, inutile de vous tantaliser plus longtemps, nous consentons à vous faire profiter de quatre recettes, glanées au Fenua.
Poisson cru polynésien
Débitez votre poisson en petits cubes ou en lamelles, que vous placez dans un bol d'eau de mer.
Préparez les légumes : râpez une ou deux carottes, débitez une ou deux tomates, un poivron, un oignon, un concombre, voire un pamplemousse.
Préparez votre lait de coco : ouvrez une coco sèche, râpez la chair le plus finement possible au moyen d'une râpe à coco (à défaut, une tête de machine multi-outils fixée sur une planche fait l'affaire), puis pressez la chair à travers une mousseline. Balancez la chair débarrassée de son lait aux poules ou au cochon.
Egouttez le poisson. Pressez-y quelques citrons verts. Laissez entre cinq et dix minutes, puis mélangez le poisson aux légumes et ajoutez le lait de coco.
Poké (ou po'é) bananes
Ecrasez des bananes fruit bien mûres.
Mélangez avec de l'amidon (à trouver en épicerie asiatique), à proportion d'un demi-bol d'amidon par bol de bananes, et une gousse de vanille fendue
Enveloppez de feuilles de bananiers (à défaut, de papier d'aluminium)
Cuisez au four polynésien (à défaut, à la vapeur vingt minutes)
Servez nappé de lait de coco.
Uru (fruit de l'arbre à pain)

Prenez le uru. Posez-le directement sur le feu, ou sur le gaz.
La peau noircit. Lorsque la couleur marron atteint la mi-hauteur du uru, retournez-le.
Quand la couleur marron a rejoint la mi-hauteur du uru, c'est cuit. Otez-le du feu, pelez-le et coupez-le en gros morceaux. Délicieux petit goût fumé, qui accompagne à merveille le cochon ou le poulet.
Et enfin, le must de la cuisine tahitienne, le fafaru
Munissez-vous de pattes et antennes de langoustes, ou de crabe, ou de homard. Des restes de crevettes font probablement l'affaire aussi. Glissez-les dans une bouteille en verre pleine d'eau de mer, scellez-la, oubliez-la un certain temps (entre trois et quinze jours, suivant votre familiarité avec le fafaru).
Le jour du festin, récupérez l'eau. Jetez les débris et la bouteille (au recyclage)
Coupez du poisson cru en gros dés. Mettez-le à mariner une heure dans l'eau.
Mangez le poisson, trempé dans du miti hue (lait de coco fermenté)
Suite au repas, brossez-vous les dents plusieurs fois d'affilée avant toute interaction sociale.