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Premier atoll

Yaga

Après cinq jours de navigation depuis Hiva Oa, dont une dernière journée debout sur le frein, nous nous présentons à l'entrée de la passe Garue, passe Nord de l'atoll de Fakarava. Pas toujours facile de ralentir Yaga ; nous apercevons la cîme des cocotiers, alors que nous sommes au plus fort de la marée descendante, que l'atoll donc se vide dans la mer par la passe. La passe est très large, sans récif, le courant modeste du fait de la quasi-absence de houle, le lagon est vaste, le chenal y est bien balisé : nous nous lançons dans la passe sans attendre.

Alors que Yaga surfe gracieusement d'une vague à l'autre, le sondeur commence à afficher une remontée brutale des fonds. Recentrons-nous dans la passe, et recommençons. Le sondeur, lui aussi, recommence : cinq mètres, trois mètres, un mètre soixante !! La barre à tribord toute, demi-tour ! Le coeur battant, à nouveau dans la mer ouverte, il ne nous faut pas plus d'une minute pour conclure à une erreur du sondeur ; mais tant pis, ce coup-ci, nous attendrons bien sagement l'étale de basse mer pour une entrée plus calme.

Difficile d'imaginer plus différent des Marquises que cet étroit ruban rocheux, replié autour de son lagon. L'eau, d'une limpidité extraordinaire lorsque le ma'aramu (vent du Sud) ne souffle pas, change de couleur sans cesse avec la course du soleil en éclatants dégradés de blanc, turquoise, vert, bleu roi. Impression bizarre, une fois mouillés dans le lagon, d'être encore en pleine mer.

A terre, poussent surtout des cocotiers et d'odorants buissons de tiaré ; mais les habitants, à force de persévérance, font aussi pousser quelques bananiers, papayers, arbres à pain et de très rares citronniers ou pamplemoussiers.

La splendeur du ciel nocturne est inégalée, peut-être grâce à un aire plus sec que lors de la Transpacifique. La Croix-du-Sud étincelle au bord d'une Voie Lactée si dense qu'elle en paraît blanche. L'Univers est si vaste et nous sommes bien minuscules, sur ce petit bateau niché au creux d'un petit atoll (le deuxième plus vaste des Tuamotus, tout de même).

Mais à Fakarava, l'essentiel est sous l'eau : Damien a passé son niveau 1 de plongée, il pourra vous en parler dans un prochain article...

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