Arrivés en fin d'après-midi à Alicante, nous nous précipitons au bureau de poste le plus proche, qui a reçu mon passeport la veille. La distraite employée du Real Club Nautico de Palma avait oublié de me le rendre ; tout aussi distraite, je ne m'en étais aperçue qu'une fois arrivée à Moraira. Un peu tard pour faire demi-tour et aller le récupérer! Soulagement ! Je sors des méandres paperassiers où la perte de ce passeport m'aurait engluée.
Le cœur allégé, nous pouvons faire un tour dans la ville d'Alicante, qui nous semble un doux paradis après Calpe. L'intérêt principal de la ville – un peu sombre par ailleurs – est la citadelle Santa Barbara, ainsi que les vieux quartiers agrippés à ses pentes. Des venelles étroites, envahies de plantes vertes, se faufilent entre des petites maisons, portant sur leurs façades le nom de leurs habitants. On entend aboyer un chien, des appels en catalan ricochent sur les façades, on hésite : est-on encore dans la rue ou est-on entré chez les gens ? On n'entend plus que par intermittence la fanfare – cuivres, percussions et castagnettes - qui s'exerce, laborieuse, sur le parvis au pied de la citadelle. On se croirait dans un décor de cinéma.
Plus bas, la cathédrale San Nicolas dresse ses murs de forteresse, à l'ombre desquels des tavernes ont installé leurs terrasses. On y semble à l'aise, deux bonnes sœurs aux voiles blancs s'y versent sur leurs dossiers en papotant avec leurs amies hilares.
Accolé à l'une des avenues les plus passantes, un petit square forme un havre de paix, protégé du bruit des voitures par les troncs en draperies d'immenses magnolias. Un kiosque y sert du bon rioja. Sur le paseo maritimo, un orchestre joue et quelques couples âgés dansent posément. Il est onze heures et ça jabote sec sur les chaises en bois, personne n'a l'air pressé de voir la journée se terminer. Beaucoup de mendiants et de vendeurs à la sauvette cependant, dont certains semblent avoir connu des jours meilleurs.
Quand au marché couvert d'Alicante, c'est un véritable centre commercial de la nourriture, sur deux étages reliés par escalators !