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Journée Noire

Yaga

Mercredi 23 septembre : journée noire pour Yaga. Le soir, l'équipage déprimé ne sait que végéter dans le cockpit, en proie à un morne abattement qui ne lui laisse même pas assez de ressort pour préparer un repas. Au menu du soir : un coup de sifflet bref et au lit.

Ce trajet entre la petite station balnéaire de Moraira et Alicante avait pourtant bien commencé, par un impeccable départ sur garde arrière. La grand-voile hissée – pour une fois – sans trop de peine, le vent modérée, la mer belle et la destination au portant semblaient augurer d'une journée idyllique.

Seulement, au moment de dérouler le génois, l'enrouleur se bloqua obstinément au troisième tour. Toutes les ruses déployées pour le convaincre de céder échouèrent. Et ce qui devait arriver arriva : à la faveur d'un effort sur l'écoute de génois (puisque la manière douce n'avait pas fonctionné, n'est-ce pas), l'étai se rompit. Heureusement, nous étions grand largue. Pendant que je barrais, attentive à éviter empannage ou départ au lof, dont la conséquence eût inévitablement été un démâtage, Damien bondissait à l'avant comme un chat sur un fourneau. Il installa d'abord la drisse du spi à la place de l'étai, puis le providentiel étai largable.

La grand-voile fut affalée travers au vent (Hooo ! Hérésie ! Heureusement, ça a marché), le moteur démarré et cap sur le port le plus proche : Calpe.

Mention spéciale à la vedette de la Guardia Civil, qui a surgi à nos côtés dans la minute qui a suivi la rupture de l'étai, et qui ne nous a quittés qu'après avoir constaté que la situation semblait sous contrôle.

Loi des séries : le marinero de Calpe commença par nous installer sur une pendille qui n'était pas reliée à la chaîne principale. La marina est accolée à un petit chantier naval, où des bateaux d'aspect miteux sont installés sur des palettes en guise de bers. Tout l'après-midi, un employé nettoya des Zodiac à grand renfort de Kärcher bruyant. Un énorme piton calcaire, environné d'éboulis, domine le tout de sa masse écrasante. La marina est hors de prix, les employées à l'accueil particulièrement laides et revêches, l'étai et l'enrouleur, étalés sur le pont nous interdisent absolument de déplacer le bateau, bref : rien ne va, et on s'imagine déjà le tour du monde prendre fin dans cette ville miteuse.

Heureusement, au cours de ses errances à la recherche d'une carte SIM espagnole, Damien est rentré au hasard dans un magasin d'articles de pêche. Le gérant – francophone – connaît quelqu'un qui s'occupe de grééments, et qui devait passer justement le lendemain dans sa boutique.

Le lendemain, l'Homme Providentiel, en un tournemain, démonte l'enrouleur et ses pièces tordues, nous commande un étai neuf et nous conseille de descendre jusqu'à Torrevieja, soixante plus au Sud, où un certain "José d'Olimpic Sails" pourrait poser l'étai neuf.

Le responsable de la catastrophe est l'enrouleur lui-même. Fissuré à son sommet, le tube a capturé quelques torons de l'étai, qu'il a détoronné lorsque nous avons tiré dessus, d'où la rupture nette et franche de ce câble en inox de huit millimètres. Echaudés par l'expérience de la veille, et imaginant avec les sueurs froides les même péripéties en plein Pacifique, nous décidons de nous passer d'enrouleur. Le José d'Olimpic Sails se fait fort de poser des mousquetons sur notre génois et de nous tailler un foc plus maniable, le tout dans des délais raisonnables.

Débarassée de ce boulet, Yaga peut quitter Calpe, en direction de Torrevieja, avec une étape à Alicante. Au moteur donc, puisqu'il n'est pas quetion de trop tirer sur le mât tant que l'étai n'est pas réparé.

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