Déjà une semaine écoulée depuis le départ, passée à caboter autour de l'île de Minorque, en profitant d'une météo idéale et de vents constamment portants ("les gentlemen ne font pas de près", n'est-ce pas ?).
Nous adoptons un rythme de plaisancier : courtes navigations le matin pour profiter des belles calanques de l'ile. Nous commençons par récupérer des forces dans la jolie ville de Ciutadella, où Luce nous rejoint, puis nous allons avec elle jouer avec les cumulus, qui peuvent tour à tour renforcer le vent ou le faire totalement disparaitre. Nous finissons par perdre à ce petit jeu et devons mettre le moteur pour arriver avant la nuit dans la cala Covas, entaille profonde entre deux falaises ocre. Notre belle Yaga ferait presque la fière-à -bras à côté du first 21 de nos voisins, venus également de Camargue.
Au réveil nous allons étrenner la partie escalade de notre aventure, en allant dérouiller nos muscles sur quelques voies faciles. Mais la chaleur étouffante de début d'après midi calme nos ardeurs au moment d'attaquer les voies les plus dures. Ce sera donc plutôt sieste et départ vers Mahon, à l'Est de l'île.
A l'arrivée nous appelons à la radio la marina, mais pas de réponse, notre signal doit être masqué par les falaises entourant la rade. Nous avisons alors une belle place libre, bien large et facile d'accès. Après une rapide et belle maneuvre, nous voila accosté au ponton d'honneur, à coté d'une vedette faisant 2 fois la taille de Yaga. Elle plastronne.
Son plaisir ne sera que de courte durée, un marinero remonté nous indique une place plus appropriée à nos humbles dimensions. Nous profitons le soir de l'animation de la ville pour les fêtes de la Merce, avec moultes tapas et un beau feu d'artifice final.
Le lendemain nous réparons quelques bricoles sur le bateau. J'ai besoin de matériel, et vais pour cela au shipshandler. Je me lance alors dans un long mime pour lui expliquer que j'ai besoin de rivets Inox de 4mm et d'une mèche pour ma perceuse.
"Yo necessito a toulouloum para bzzzziiiiiiii el mat". Générosité des gens de mer, il a fini par comprendre mes singeries. Le génois est renvoyé en tête de mat avant même le retour des courses de Luce et Arthur, et nous repartons pour une courte étape, vers la cala de Es Grao. Nous allons à terre explorer la lagune protégée de sant'Albufera. Grand moment de méditation devant les poissons qui sautent jusqu'à 50cm hors de l'eau. Un couple de personnes âgées posté là souligne d'un Olé ! appréciateur les plus beaux sauts.
Le lendemain une belle navigation nous amène jusqu'à l'entrée de la cala de Addaia, dont l'entrée est un slalom à l'aveugle entre les cailloux. Le pilote cotier signale un alignement sur une tour ronde aisément identifiable. Impossible de la trouver, le guide ayant 20 ans, les constructions se sont multipliées et la cachent complètement. Nous finissons par repérer à la jumelle un bout de toit qui semble correspondre et arrivons un peu stressés mais sans encombre jusqu'au bout de la calanque. Impressions de bout du monde.
Les manoeuvres sont plus fluides, nous nous enhardissons à faire les départs de mouillage à la voile, et le slalom retour à travers les cailloux sous génois. Le vent a un peu forci, et après les 3 jours précédents de vents faibles, nous apprécions de lâcher la bride de notre monture. L'entrée dans la bahia de Fornell à la voile a des airs de Seigneur des Anneaux. La navigation matinale ayant été si savoureuse, nous décidons de ne pas rester là et poussons plus loin. Yaga galope dans ces conditions, poussée par un bon vent. Nous savourons les surfs le long d'une belle houle bien régulière.
Nous arrivons pour la soirée dans la Cala Algayarens, et enfilons vite masque et tuba pour observer le ballet des poissons dans les rochers.
Enfin belle navigation dans des petits airs ce matin, qui nous ramène à Ciutadella. Nous partons demain pour Majorque, pour de nouvelles aventures.